Des nouvelles du Nicaragua

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Un an après l’insurrection

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Un an est passé depuis le soulèvement qui a menacé le gouvernement de daniel ortega au Nicaragua – une révolte largement de gauche contre un gouvernement sois-disant socialiste. Aujourd’hui, comme le gouvernement étasunien cherche à promouvoir une guerre civile au Vénézuela afin d’étendre sa sphère d’intérêt politique et économique les questions soulevées par l’insurrection nicaraguayenne sont plus pressentes que jamais. Que doivent faire les gens qui s’opposent à la fois à la version autoritaire du socialisme de maduro et la version autoritaire de la démocratie de guaido ? Est-ce que « l’anti-impérialisme » signifie simplement soutenir les gouvernements liés aux empires rivaux comme la Russie et la Chine ? Qu’en est-il des sandinistes, des féministes, des peuples indigènes, des écologistes, des étudiant·es, et des mouvements paysans qui s’opposent à ortega ? Qu’en est-il des socialistes vénézuelien·nes et des anarchistes qui s’opposent à maduro ?

Et, en même temps, qu’est-ce que ça veut dire quand autant les politicien·nes néolibéraux/ales étasunien·nes que l’EZLN [Ejército Zapatista de Liberación Nacional, EZLN = armée zapatiste de libération nationale ndt] soutiennent un mouvement au Nicaragua ? Qu’est-ce que ça veut dire quand les anarchistes, les communistes, et l’armée étasunienne supportent tous et toutes l’expérience du Rojava – mais avec des objectifs complètements différents ? Comment soutenons-nous des mouvements comme celui qui s’oppose au gouvernement ortega au Nicaragua sans fournir juste une couverture pour permettre aux capitalistes de manipuler le mouvement social vers l’ouverture de nouveaux marchés ? Comment s’assurer que les mouvements anti-autoritaires ne sont pas exploités comme une façon d’installer de nouvelles autorités ? Quelle stratégie de résistance aux forces réactionnaires dans les mouvements populaires avoir sans saboter les mouvements eux-mêmes ?

Pendant des années, nous avons correspondu avec des anarchistes et des oragnisateur·ices au [Vénézuela], (https://libcom.org/library/call-venezuela-anarchists-latin-america-world-solidarity-much-more-written-word-el-liber), au Nicaragua et ailleurs qui ont décrit une situation qui résonne beaucoup avec celles auxquelles les pauvres et les personnes racisées font face dans des pays plus explicitement capitalistes, malgré les objectifs sois-disant socialistes des gouvernements au pouvoir. Pendant que certain·es des participant·es à la résistance aux régimes de maduro et ortega sont clairement motivé·es par le désir de bénéficier de l’introduction de politique économique encore plus oppressives, d’autres sont guidé·es par des plaintes légitimes et un réel désir d’égalité et d’auto-détermination – juste comme celles et ceux qui se sont soulevé·es à Fergusson en 2014 sous l’administration obama. Si les mouvements révolutionnaires internationaux ne donnent pas les opportunités précaires et désespérées de combattre pour la libération de toutes les formes d’oppression étatique, certain·es d’entre elles et eux vont finir par naïvement rejoindre les soulèvements orchestrés par les néolibéraux.

Nous devons construire des mouvements puissants qui ne légitiment aucune forme de pouvoir étatique ou capitaliste. Autrement, nous serons forcé·es pour toujours de choisir la solution la moins pire – et les géopolitiques vont pâtir de la même saisie de possibilité comme avec le système bipartidaire aux USA. Autant les gouvernements capitalistes néolibéraux que les régimes socialistes autoritaires se servent cyniquement de nous afin de les promouvoir comme la seule alternative possible. Ceci est en cours depuis près d’un siècle ; il ne tient qu’à nous de créer une réelle alternative.

Il est frappant de voir comment beaucoup de gens de gauche des pays du Nord ont soutenu le mouvement des gilets jaunes malgré la participation d’authentiques fascistes, mais ont ignoré le soulèvement au Nicaragua ou l’on stigmatisé comme étant réactionnaire. Nous avons beaucoup de travail à faire.

Le rapport suivant a été fournit par Miranda de las Calles et Mark Alexander.

Nos précédents reportages [en anglais ndt] : Le soulèvement du 19 avril au Nicaragua

Des nouvelles de l’insurrection nicaraguayenne

Des courants différents dans l’insurrection nicaraguayenne

L’inventaire de l’insurrection nicaraguayenne


Un an depuis l’insurrection nicaraguayenne

Ça a été une année longue depuis le soulèvement populaire au Nicaragua. Pour rappel : débuté en avril 2018, succédant à des années de corruption, d’autoritarisme, de népotisme, de violence économique, et de destruction environnementale perpétré·es par le gouvernement de daniel ortega, le peuple a pris les rues d’une manière inédite au Nicaragua depuis 1979. Le soulèvement a été dirigé par des étudiant·es, des travailleur·euses, des paysan·nes et des indigènes d’origines économiques, sociales et politiques variées. Les revendications principales étaient la démission d’ortega ; permettre de nouvelles possibilités démocratiques y compris de l’autonomie éducative, la démocratie participative et un système judiciaire radicalement nouveau ; et de donner une réparation pour toutes les violences perpétrées par l’état, la police et les forces paramilitaires.

Un an plus tard, le gouvernement continue d’utiliser la violence contre le peuple nicaraguayen, des diffuseur·es de médias indépendants ont été forcés de partir en exil, les organisations des droits humains ont arrêté d’opérer, et tout dialogue et médiation a échoué. Dans le rapport suivant, nous traversons quelques contextes historiques pour la révolte nicaraguayenne et présentons une mise à jour de la situation telle qu’elle se présente aujourd’hui.

Le passé

En partie grâce aux conflits entre l’état et le peuple dans les Caraïbes, il y a une longue tradition d’activisme autonome dans la région caribéenne. Les activistes des communautés on eu à agir en dehors des structures de l’état pour combattre des problèmes tels que la violence sexuelle, légitimée par l’état, à l’encontre de jeunes filles et femmes et différentes formes de colonisation économique. Une brève histoire de la région peut montrer les origines de la tendance vers l’activisme d’organisation autonome et l’action directe du côté des Caraïbes.

L’empire espagnol a colonisé la région pacifique du Nicaragua, alors que que les Caraïbes ont été établies comme étant un « protectorat » de l’empire britannique, qui l’a colonisé de différentes manières. Il y a également plusieurs ethnies et différences culturelles entre les deux régions : 96% de la population du Pacifique sont relativement homogènes (métisses) et parlent espagnols. Les Caraïbes sont peuplées de plusieurs groupes ethniques – Miskitos, Afro-Caribéen·nes, Garifunas, Sumu, Rama, et d’autres – parlant plusieurs langues.

En 1894, avec l’aide des États-Unis, josé santos zelaya (président du Nicaragua de 1893 à 1909) a annexé la côte caribéenne. L’état a catalogué l’annexion comme une « réincorporation », - toutefois, le peuple de la côte se réfère toujours à un « renversement ». Ceci est à l’origine d’une longue lutte rassemblant les indigènes et les personnes noires des Caraïbes contre l’état nicaraguayen, pour réaffirmer leurs droits à leurs terres ancestrales.

Voici quelle exemples notables de l’activisme autonome de la côte caribéenne :

  • En 2009, en opposition au gouvernement nicaraguayen, près de 1000 personnes organisées par une communauté activiste à Bluefield [capitale actuelle de la région autonome de la Côte caraïbe sud ndt] occupent plus de 430 hectares de terres communales sur lesquels faire pousser leur propre nourriture et construire des habitations dignes. C’était la naissance du « Mouvement Retour à la Terre ».

  • En avril 2009, le peuple indigène des Caraïbes ont déclaré l’indépendance vis-à-vis de l’état à cause du racisme, de la pauvreté de la faim et de la colonisation des terres. Ils ont affirmé qu’ils ont « suffisamment de volonté et d’habilité pour se gouverner eux-mêmes pour le bien-être de leur propre communauté ».

  • La colonisation des terre des métisses est la plus grande crise qu’ait traversé les communauté indigènes et noires dans les Caraïbes. Quelques personnes se sont blessées et ont eu recours à de l’action directe insurrectionnelle pour se protéger de cette menace.


Photo de Courtney Parker (intercontinentalcry.org).

Le gouvernement ortega et la côte caribéenne

La réponse du gouvernement ortega à la rébellion spontanée au Nicaragua a été similaire à la stratégie qu’il a utilisé contre les indigènes et les personnes noires des côtes caribéennes depuis des décennies. La stratégie implique l’usage arbitraire de la violence contre quiconque est considéré·e comme une menace, surveillance de masse, présence militaire et policière augmentée, et la criminalisation de l’activité communautaire.

Pour le peuple des Caraïbes, l’expérience de militarisation a continué de manière constante pendant plusieurs décennies sans beaucoup de changement. Comme les capitalistes ont utilisé la police et l’armée pour protéger leurs intérêts dans la région caribéenne, l’état s’est justifié en invoquant la guerre contre la drogue. Malgré la rhétorique anti-impérialiste d’ortega, son gouvernement a travaillé en lien étroit avec la DEA (Drug Enforcement Agency) [« Agence de Répression des Drogues » équivalent des « STUPS » en rance, ndt] pour promouvoir la raciste « guerre contre les drogues ». ortega travaille aussi avec ICE (US Immigration and Custom Enforcement) [« Maintient de l’ordre états-unien de L’Immigration et des Douanes » l’équivalent de la police aux frontières en rance] pour mettre en œuvre les politiques anti-immigration des USA.

En 1987, le Nicaragua a signé une loi établissant deux régions autonomes sur la côte caribéenne :

Le RACNN [« Région Autonome de la Côte Caribéenne du Nord »] et le RACCS [« Région Autonome des Caraïbes du Sud »]. Cependant, la loi d’autonomie a eu peu d’effet en pratique : Aujourd’hui, les communautés noires et indigènes ont été attaquées par des colon·nes qui se sont accaparé des terres communales. Les « colonos » (pour la plupart des éleveur·euses métisses) ont attaqué et kidnappé des gens. Beaucoup de gens de la côte pensent que le gouvernement d’ortega offre aux « colonos » des prêts lucratifs, les aidant dans l’achat illégal de la terre, afin d’établir le contrôle de la région.

De larges parcelles de terres communales indigènes sont occupées et utilisées pour élever du bétail. Ceci a un impact dévastateur sur la population et l’environnement. L’illustration la plus parlante du mépris du gouvernement ortega à l’égard du peuple des Caraïbes est sa proposition de bâtir un canal destructeur pour l’environnement qui déplacerait des milliers de personnes indigènes et noires.

L’état a déterminé que les luttes pour les droit à la terre communale et l’auto-détermination des noires et des indigènes sont contraires aux objectifs de sécurité de l’état (métisse) nicaraguayen. Par conséquent, les personnes noires et indigènes sont stigmatisées en tant que trafiquantes de drogues criminelles. En même temps, celles et ceux qui se sont rebellé·es ou ont manifesté une quelconque forme de solidarité avec la rébellion du 18 avril sont stigmatisé·es avec l’étiquette de terroristes et « golpistas » (putschistes).

La guerre contre la drogue d’ortega a propulsé la région vers l’incarcération de masse. Pendant cette guerre, la population carcérale nicaraguayenne a vu l’une des plus nettes augmentations dans le monde : de 2007 à 2018, la population carcérale a plus que doublé, augmentant de 119 à 276 prisonier·es pour 100 000. Les personnes noires sont sur-représentées parmi la population carcérale. A Bluefields, par exemple, plus de la moitié de la population carcérale est noire, alors que les personnes noires représentent seulement un quart de la population totale. La plupart des prisons nicaraguayennes opèrent à plus du double de leurs capacités, et la solution d’ortega au problème de la sur-population carcérale a été de construire plus de prisons en utilisant les fonds saisis de la guerre contre la drogue.

Image courtesy of CEJUDHCAN.

Le présent

Ici, on va brièvement revoir quelques évolutions de l’année depuis que la révolte a été supprimée.

62 000 nicaraguayen·nes

L’agence des nations unies pour les réfugié·es annonce 62 000 nicaraguayennes en exil et ce depuis avril 2018, 62 000 nicaraguayen·nes on cherché refuge au Costa Rica, vivant dans des conditions précaires et faisant face à la xénophobie. Les nicaraguayen·nes au Costa Rica on créé de la solidarité et du soutien dans les infrastructures du meilleur de leurs capacités.

En réponse, le gouvernement orteguiste a créé un nouveau programme pour offrir un retour en sûreté des réfugié·es, mais personne n’a confiance en ce programme. Un·e étudiant·e en exile a été immédiatement arrêté·e à Managua.

Un régime en isolation croissante

En décembre 2018, le GIEL, un Groupe Interdisciplinaire d’Expertise Indépendante, a produit un rapport de plus de 400 pages basé sur des preuves et des témoignages sur le terrain au Nicaragua arrivant à la conclusion que le gouvernement d’ortega a commis des crimes conte l’humanité. Cette affirmation est soutenue par l’Organisation des Etats Américains, l’ONU, et l’Union Européenne. Ce rapport a encore plus isolé ortega du reste du monde ; en Amérique Latine, ortega est seulement soutenu par les gouvernements de Cuba et du Vénézuéla. ortega n’a virtuellement aucun·e allié·e en Europe, et beaucoup d’organisations européennes ont coupé les liens avec le Nicaragua. Ce rapport a légitimé les revendications des mouvements de protestation à une échelle internationale et a isolé le gouvernement « orteguiste »

Le Nica Act

Avec Ileana Ros-Lehtinen pour donner le ton, le gouvernement des États-Unis a passé le Nica Act en décembre 2018 avec le soutien bipartisan. Cette loi change complètement les relation entre le Nicaragua et les États-Unis. Les États-Unis ont appliqué des sanctions directes pour les officiel·les du gouvernement et la famille ortega. Lentement, les relations diplomatiques avec le Nicaragua vont se rompre, menant à plus d’instabilité économique et de sanctions.

Malheureusement, beaucoup de nicaraguayen·nes dépendent de l’aide étrangère, qui a financé des hôpitaux et des cliniques. Ils et elles et iels vont maintenant faire face à l’incertitude économique. Ceci a été comparé à un embargo, qui affectera aussi les relations économiques et diplomatiques avec les autres pays. La bourgeoisie nicaraguayenne va aussi être affectée par le « Nica Act ».

Solidarité zapatiste

Dans un communiqué provenant du « Conseil Indigène de Gouvernement », les zapatistes ont étendu leurs solidarité et soutien envers le peuple du Nicaragua. Dans une rencontre avec la deuxième assemblée générale avec la leadeuse paysanne Franscisca Ramirez du Nicaragua, les zapatistes ont affirmé qu’ortega a trahi les idéaux de la révolution sandiniste.

L’alliance civique

Une nouvelle tentative de dialogue entre le gouvernement et la sois-disant « alliance civique » a commencé en février 2019. C’était la première fois que le gouvernement a voulu négocier depuis juin 2018. Cette nouvelle tentative a généré de la frustration croissante à propos du manque de responsabilité et de réponse du gouvernement mais aussi pour l’approche « douce » de l’alliance civique. L’alliance civique est largement liée à la classe capitaliste. Aussi, pas une seule femme n’a été vue d’aucun des côtés de la table de négociation. Ces négociations ont ralenti, comme le gouvernement n’a pas respecté les nombreuses dates limites qui ont été établies. Le premier accord est de libérer toutes et tous les prisonnier·es politiques et alors d’ouvrir un processus de démocratisation. L’alliance civique se concentre sur la réforme électorale et accélère les élections de 2021. Leurs stratégie à échelle large est aussi encadrée que le pragmatisme : L’idée est que d’abord ortega va reculer, ensuite on cherche dans quel type de pays on souhaite vivre.

The “Civil Alliance.”

Le retour de la théologie de la libération

Le Nicaragua est un pays majoritairement catholique qui pratique plusieurs célébrations religieuses. La crise actuelle et la situation a transformé les processions, célébrations religieuses et les messes du dimanche en espaces politiques dans lesquels les gens dénoncent la violence du gouvernement. Les gens se sont regroupé·es et ont manifesté à l’intérieur des églises. Les évêques, qui ont été neutres pendant les 20 dernières années, envoient maintenant des messages de justice sociale et de changement politique.

monseigneur baez, l’évêque le plus franc du Nicaragua, a été comparé à monseigneur romero dans ses demandes de justice au Nicaragua. Le pape françois a suggéré que baez se réfugie à Rome pendant un moment, une décision que la plupart des nicaraguayen·nes regrettent, comment ils et elles perdent un puissante critique publique contre le gouvernement orteguiste. Le pape affirme que la paix peut être atteinte par le dialogue.

Prisonnier·es politiques

En février 2019, l’état a libéré une centaine de prisonnier·es politiques, donnant l’espoir de plus de libérations futures. L’état a pris en otage des prisonnier·es politiques comme monnaie d’échange pour les négociations. Plus de cinq cent prisonnier·es politiques restent enfermé·es. Il y a deux mois, le gouvernement à affirmé qu’il libérerait tous et toutes les prisonnier·es politiques dans une période de 90 jours. Pour le moment, il n’y a eu aucun signe de cela. Quelques prisonnier·es refusent de quitter leur prison tant que tout le monde n’est pas libéré en même temps. Malgré les affirmations du gouvernement comme quoi il libérerait les prisonnier·es, il continue de détenir des gens qui ont participé à des manifestations spontanées.

Quelques prisonnier·es politiques ont organisé une manifestation à l’intérieur d’une prison en s’échappant sur le toit des bâtiments de la prison, en dansant, en chantant et en construisant des barricades dans les prisons. La police a utilisé les gaz et balles en caoutchouc pour réprimer ces manifestations.

En plus de ça, la/le productrice/eur en chef·fe de la nouvelle marque « 100% Noticias » (= »100% de pubs » ndt) et lucía pineda ont été arrêté·es en décembre et ont été retenu·es en confinement solidaire depuis janvier.

“Freedom for political prisoners!”

Auto-organisation, action directe et entraide au Nicaragua.

Les principes traditionnels de l’anarchisme – l’auto-organisation, l’entraide et l’action directe – on gagné en attraction dans la région pacifique du Nicaragua depuis la rébellion du 18 avril. Par exemple, les activistes on retiré des dalles de voirie à travers une bonne part du pays ce qui a presque réussi à renverser le gouvernement nicaraguayen. La ville de Masaya, une forteresse traditionnellement sandiniste, a déclaré qu’il ne reconnaîtra plus le gouvernement de daniel ortega et a formé une commission pour s’auto-gouverner. De manière pas surprenante, ceci a provoqué de violentes représailles de la part de l’état.

Maintenant, la forme la plus commune d’action directe est le « piquet » ou la « corde ». Ceci implique un appel à des manifestations de petite taille et décentralisées dans toute le ville, dans lesquelles des groupes d’affinité de n’importe quelle taille peuvent rapidement manifester et ensuite disparaître. Quelques exemples de ces « piquets » impliquent de prendre rapidement les rues, perturber les aires d’alimentation dans les centres commerciaux, déclamer des chants dans les bus publiques, montrer des banderoles, provoquer intentionnellement des embouteillages avec sa voiture, vider des sauts de peinture blanche et bleue [les couleurs du drapeau nicaraguayen ndt] dans la rue, installer des tombes mémorielles impromptues, manifester dans une église, accrocher des ballons aux poteaux et aux arbres et plus encore. Le but de ces « piquets » est de déborder la police et créer de la panique dans leurs rangs, puisqu’elle essaie de localiser rapidement ce type d’actions et de les réprimer.

Le futur

Quelles sont les étapes suivantes pour les anarchistes au Nicaragua ?

Le peuple nicaraguayen est toujours dans l’incertitude. Il est important de renforcer les mouvements sociaux dès maintenant, afin qu’ils aient plus de puissance plus tard. Au Nicaragua, ça veut dire soutenir le mouvement paysan, le mouvement féministe et les afro-descendant·es et les mouvements indigènes de la côte caribéenne, tout ceci encourage une critique sévère du capitalisme et de l’état. Ces mouvements ont commencé à établir et articuler quelles différences permettent de les distinguer des mouvements pro-néo-libéralisme et pro-état. Le plus progressiste des mouvements étudiants est la Coordinadora Universitaria por la Democracia y Justicia (CUDJ) [« Coordination Universitaire pour la Démocratie et la Justice » ndt]. Il y a beaucoup de soutien et d’affinité avec les anarchistes de la part de cette organisation étudiante.

Vous pouvez aller voir Hora Cero, un programme en ligne auto-organisé d’information et de critique né de la CUDJ.

Les réseaux de solidarité anarchistes émergent lentement dans l’Amérique Centrale et dans le monde. Écrire et partager des informations accélère le processus, mais ça a lieu par nécessité. Sur les réseaux sociaux, les anarchistes tirent avantage du mécontentement généralisé contre l’état, les intérêts bourgeois et la violence autoritaire et ont ainsi réussi à résister aux tentatives néolibérales et d’extrême-droite de s’accaparer la lutte.

Sur le sol nicaraguayen, il est très difficile d’organiser des rencontres ou des événements publiques, mais quelques personnes ont formé des groupes d’étude pour partager, débattre et développer des idées. « Les piquets » continuent d’avoir lieu spontanément.


Plus de lecture [en anglais ndt]

Leftist Critiques of Ortega